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WAR Zone, les dossiers: la valeur de l'upset en college baseball

Dernière mise à jour : 29 mai 2023





Le sport possède ce petit quelque chose d'excitant lorsque l'on suit une équipe "modeste" face à un équipe avec l'étiquette de favorite. A moins qu'il ne s'agisse de l'équipe que l'on supporte, on a souvent tendance à espérer plus ou moins secrètement la défaite de Goliath face à David.
Dans les sports américains, l'upset est souvent médiatisé, sur interprété et permet à toute la branche média d'avoir un sujet quasiment inépuisable jusqu'aux prochaines rencontres...
Plus sérieusement, en se focalisant sur les principaux sports universitaires, quelle peut être la différence de valeur entre l'upset au baseball versus l'upset dans les autres sports?
Tentative de réponse ici...

Préambule


Cette question d'upset m'a plus ou moins toujours "hanté", lorsqu'il s'agit de parler baseball. De par la structure de ce sport, de l'importance d'une série sur un match individuel, j'ai toujours eu du mal à entendre parler d'upset lors d'une défaite, sur un match d'une série, d'un prétendu gros face à un prétendu petit.

En baseball universitaire, il m'est donné de voir ces dits upsets assez souvent, et de voir l'impact "médiatique" (média, réseaux sociaux) que ces joutes individuelles ont.

L'idée de ce papier est de pondérer l'impact réel de l'upset en baseball universitaire en rappelant de quoi il s'agit en terme d'incidence sur une série, pour une équipe, dans une conférence, au niveau national, etc...

Il s'agit avant tout d'un ressenti personnel, donc d'un postulat subjectif, mais qui sera étayé par des idées déjà connues autour de cette discipline. J'appuierai donc certains propos d'éléménts observés dans divers documents pour rappeler avant tout l'univers unique en son genre qu'est le baseball universitaire, et pourquoi je trouve que la sur interprétation de l'upset sur une rencontre et non une série fait peu sens ici.


Contexte


"Clutch defense [...] and the Lopes leads to the HUGE UPSET" à l'image de cette citation, que les fans de sports universitaires ont déjà vu pour différentes équipes dans différentes disciplines, l'upset est toujours mis en avant en college baseball. Rien de mal à cela, l'upset étant l'une des choses, l'un des événements les plus excitants du sport en général.

Cependant, à la différence du football ou du basketball, le baseball a une façon particulière de départager deux équipes se rencontrant, lorsque l'on parle du baseball le plus important, celui du week-end: le vainqueur d'une match up est le vainqueur d'une série.

En effet, le baseball se joue en série, et le college baseball ne déroge pas à la règle. De Vendredi à Dimanche, deux équipes s'affrontent afin de remporter la série au meilleur des 3 matchs. Dès lors, un élément important est à prendre en compte: la place d'un match de manière individuelle au sein d'une série. L'upset a cette valeur absolue sur une rencontre. Une équipe perdant une série 2-1 comme prévu de par son classement, sa conférence et/ou ses qualités intrinsèques, sera toujours affublé de la jolie apostrophe, la mention méritée de vainqueur via un upset concernant le match remporté...

Mais justement peut-on vraiment parler d'upset?


La loi des séries


Encore une fois, focus sur cet aspect série. L'objectif de chaque équipe, favorite ou non, est le gain de celle-ci. Les staffs, au gré de la saison, ont des choix importants à faire en terme de préservation de leur roster, des aléas de la vie de groupe etc... Là où je veux en venir, c'est qu'une équipe ayant remporté les deux premiers matchs d'une série, ainsi validant le gain de cette dernière, peut se retrouver avec l'envie d'inclure un peu plus de freshmen dans le lineup pour le dernier match, tester dans une rotation de week-end un lanceur habituellement cantonné au bullpen ou aux starts de milieu de semaine etc... En fonction des décisions, mais également en fonction du relachement inconscient après l'obtention d'une série, le match 3 peut très vite être lâché par le favori face à son adversaire "de plus modeste constitution". Pourtant, le contexte n'entre aucunement en compte lorsque la plus petite équipe remporte ce fameux game 3 et, de par les médias et bien entendu les réseaux sociaux, l'upset sera présenté comme un authentique exploit!

Pour toute personne n'ayant le contexte de cette victoire, cet upset aura la même valeur intrinsèque qu'un uspet vu dans une march madness en basket par exemple (toute proportion gardée bien entendu, en fonction de l'importance de la dite série) voire même, pour rester dans le baseball universitaire, qu'un upset de série. Entendez par-là que le traitement médiatique sera quasiment le même, alors que les implications et conséquences sont totalement différentes.

Je vous ai donné un scenario spécifique en exemple, mais je pense que vous voyez l'idée derrière le fait que le baseball universitaire se joue par série: une série gagnée peut l'être même en perdant un match, ce qui, quelque soit le scenario, entraîne une plus forte propension, ou probabilité, d'observer les dit uspet dans la discipline.

Maintenant, pour bien faire comprendre mon propos, je ne remets pas en cause les accomplissements des équipes réputées plus faibles face à celles censées les dominer. Une victoire est une victoire, et peut même être considéré comme étant un exploit pour certaines petites cylindrées face aux meilleures universités du pays. Par contre, il est important de bien faire la nuance avec ce sport si spécifique qu'est le baseball, et nous allons en parler dans la section suivante.


La spécificité du sport


On vient d'en parler, le baseball a une façon à lui de désigner un vainqueur, par le biais d'une série, la plupart du temps.

Mais au-delà de ça, le baseball est un sport particulier.

Revenons maintenant sur les spécificités de ce sport et voyons comment cela peut pondérer le jugement que l'on peut avoir sur la valeur d'un upset.

Ce sport est un sport d'échec. Les meilleurs frappeurs, en college baseball ont rarement une moyenne au bâton au-delà des 40%, ce qui en soi est déjà bien au-dessus de la moyenne dans sa version professionnelle! Dans ce sport où réussir une frappe sur 3 ou 4 passages est plutôt pas mal, l'aspect mental est prépondérant. Les détails sont prépondérants, et les meilleurs joueurs sont ceux qui embrassent les détails, dans leur préparation jusqu'à leur apparition en match.

Pourquoi je vous dis cela? Là où les aptitudes physiques et/ou athlétiques sont primordiales dans d'autres sports, l'approche mentale est vraiment l'une des clés dans le baseball.

Que ce soit pour les lanceurs ou pour les frappeurs, le duel ne sera pas simplement technique ou physique, mais avant tout mental. Dès lors, ce duel, qui prend forcément une très grosse place dans le match, de par la structure même de ce sport, tend à s'équilibrer quelque soit le niveau de l'équipe dans laquelle on joue. Je ne dis pas qu'un joueur plus fort, mieux préparé de par la fac dans laquelle il joue est du même niveau qu'un joueur d'une plus petite fac, peut-être non boursier, moins à même de pouvoir s'entraîner, mais plutôt que le moindre grain de sable dans un at-bat peut changer la dynamique d'une manche voir d'un match.

Si on décide d'entrer un peu plus dans les forces en présence dans les universités, il faut aussi et surtout s'intéresser au pitching staff. Là où on pourra vite voir certaines différences entre batteurs d'une équipe, d'une conférence à l'autre, les lanceurs, pris de manière individuelle, représente une classe hétérogène le plus souvent, et ce quelque soit le niveau de l'équipe, la renommée de la fac etc... Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'en préambule de cette partie je précisais le pourcentage des meilleurs frappeurs universitaires face à leurs comparses professionnels: les lanceurs sont à des niveaux de maturité différents, quelque soit le talent qu'ils possèdent, et on voit plus facilement des manches ou un lanceur craque et lâche un nombre important de jeux en faveurs de l'attaque (walk, HBP, WP, erreurs sur pick-offs, etc...) qu'à l'échelon professionnel. Joueurs encore perfectibles car encore en apprentissage, les participants à la NCAA D1 baseball (tout comme aux autres niveaux universitaires) sont l'influence directs des upsets, notamment ceux sur un match, de par cette fameuse approche mentale dont je fais état ici.

Rien de grave ni d'anormal en soi pour un sport aussi specifique et pour des joueurs en pleine "croissance baseballistique", mais cela tend certainement à aider à expliquer les niveaux disparates d'un match à l'autre pour une même équipe, et au final, cela pourrait peut-être donner un indice quant à une explication sur la quantité non négligeable d'upset en college baseball.


Je viens de dire que la différence est difficile à voir entre un lanceur et un batteur durant un at-bat (ou une plate appearance en général), mais au-delà de ça sommes-nous dans une compétition où le niveau est moins hétérogène qu'il n'y paraît?


La compétition


J'aime à le rappeler à chaque fois, et ce, sans autre preuve que ce que je vois depuis bientôt 4 ans: le baseball universitaire possède certes ses favoris, ses grosses cylindrées et ses petits poucets, mais le niveau est bien moins hétérogène, je trouve, que dans d'autres disciplines.

En 2016 Coastal Carolina a remporté les College World Series, le sésame, le graal du college baseball. Cette équipe ne fait pas partie du Power 5 (et encore, habituons-nous à plutôt parler power 4, la Big Ten n'étant pas exceptionnelle dans cette discipline), mais d'une conférence qui n'a pas grand chose à envier aux meilleures conférences du pays, la Sun Belt. La saison dernière, cette conférence avait envoyé 4 de ses équipes au tournoi national. Ceci constituait le 5e plus gros total d'équipes par conférence, juste une équipe de moins que des conférences comme la Big12 ou la Pac12, et deux de plus que la Big Ten. Pourtant si vous aviez eu une confrontation entre Texas State et Wake Forest vous auriez certainement vu Texas State comme le petit poucet, voyant une éventuelle victoire de ces derniers comme un upset. Et fondamentalement, structurellement parlant, vous auriez eu raison. Pourtant Texas State aurait été mon clair favori et leurs parcours respectifs lors du et tournoi national m'aurait certainement aidé à appuyé un petit peu mon propos. Texas State a donné du fil à retordre à Stanford, les battant même une fois, lors des Regionals de Stanford. Le leader de Pac-12 a souffert face aux Bobcats. Ce même leader qui a pourtant atteint les College World Series dans la foulée. De l'autre côté, Wake Forest, très bonne équipe de ACC, la deuxième meilleure conférence du pays, s'était faite sortir assez rapidement des Regionals de Maryland... alors qu'il s'agit d'un type de tournoi en double élimination, ce qui veut dire que toutes les équipes ont une seconde chance malgré un revers. Il ne s'agit pas d'un format march madness, plus propice aux surprises sur un match.

Si l'on se fie aux classements hebdomadaires comme le top 25, il y a souvent des équipes de conférences Mid Majors intégrées. Certaines équipes terminent dans les meilleures de la nation, leur permettant d'être hôtesses lors des Regionals. On l'a encore vu la saison dernière avec East Carolina (AAC) ou encore Southern Miss (ex Conference USA, désormais en Sun Belt).

Mais surtout historiquement nous allons voir que les vainqueurs du titre national ne sont pas uniquement issues du Power 4...


La place de l'upset dans l'histoire


Depuis la première édition des College World Series en 1947, il y a eu des équipes hors Power conferences qui ont su aller au bout. Si dans l'histoire, beaucoup de conférences ont changé, disparu ou été remplacé par les réalignements, les fins de départements athlétiques etc... il n'en reste pas moins que les facs que l'on connait comme étant des Mid Majors ont, pour la plupart, toujours fait parti de la zone "petits poucets" vis à vis des grosses cylindrées.

Mais pour un peu plus de lisibilité contemporaine, je me permets d'éviter de m'attarder sur le titre de Holy Cross en 1952, et me permet de remonter jusqu'aux années 80, avec un programme dont je vous ai parlé en vidéo: Cal State Fullerton. L'université d'Etat Californienne a remporté, entre 79 et 2004, 4 titres, et fait donc partie des équipes les plus titrées du pays. Pourtant Cal State Fullerton n'a jamais fait parti d'une power 4 conférence et est toujours vu aujourd'hui comme un petit poucet. Leurs titres sont des upsets, c'est indéniable, mais on parle bien de titres, c'est à dire de séries remportées contre des équipes réputées plus fortes. Pepperdine, Fresno State ou encore Whichita State et Rice ont toute remporté un titre universitaire et réalisé d'authentiques upsets.

De manière générale, l'upset est presque culturel dans le baseball universitaire, mais j'entends par là le gain de séries, et pourquoi pas de plusieurs séries, jusqu'au titre, de facs plus modestes vis à vis des facs les plus puissantes du pays! (Dès lors certains remettraient même en cause cette designation d'upset, le niveau paraissant bien plus homogène que dans d'autres disciplines).

Voilà en partie pourquoi j'accorde moins d'importance à la victoire de Wofford contre UVA sur un match malgré la défaite en série des Terriers face aux Cavaliers (ceci n'est qu'un exemple) et que pour moi sur interpréter, sur médiatiser la performance est quelque peu exagéré dans le sens où elle met sur un pied d'égalité un upset de match et un upset de séries.

Que les fans de Wofford soient rassurés, je ne minimise en aucun cas l'exploit fait par leurs joueurs lorsqu'ils gagnent de telle rencontre, car gagner en soi est l'objectif et le faire, sur un match, face à Goliath est toujours impressionnant. Je tiens avant tout à pondérer l'effet de tels upsets et leur importance dans une discipline aux règles de fonctionnement si spécifique.


(Ma) conclusion


Les performances positives des petits poucets face aux gros font toujours leur effet. Il est grisant de voir pareil exploit, et ce quelque soit la discipline.
Le baseball, et sa composante universitaire, est si spécifique cependant qu'il est bon de se rappeler que l'objectif premier d'une équipe est le gain d'une série.
Beaucoup de facteurs peuvent laisser à penser que la perte d'un match face à un adversaire plus petit n'a pas le même impact que dans d'autres disciplines, et s'il est bon de toujours noter ces upsets, définir ce qu'est un véritable upset en college baseball me semble important!
Point d'aigreur car le plaisir est là face à un upset sur une rencontre comme face à un upset de série! Mais je comprends également les tenants et les aboutissants derrière chaque série jouée : ce qui est perçu comme un exploit par certains et exagéré par d'autres, restent différent de l'exploit tel qu'il peut être conçu en baseball: gagner une série face à Goliath.
Un dernier point avant de vous laisser: il pourrait être également intéressant voir important d'évaluer les équipes de manière individuelle et non de par leur conférence, avant de décider de la valeur d'un upset. Certains effectifs de Mid Majors sont plus impressionnants que certains du Power 4. Des jeunes talents lycéens qui commit chez des grosses cylindrées des Mid Majors, on en voit pas mal, et cela s'explique certainement par le facteur bourse, beaucoup moins important que dans d'autres départements (football par exemple), les bourses étant beaucoup plus limitées en nombre en baseball de toute façon.
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